SujetCe livre est adressé au Roy « Vôtre Majesté ». Il regroupe les leçons d’anatomie et de chirurgie que Pierre Dionis donnait au « Jardin du Roi » ou « Jardin des herbes médicinales », une institution royale créée à Paris en 1635. Le « Jardin du Roi »est devenu le Jardin des Plantes et le Muséum d’histoire naturelle en 1793. Le livre est écrit pour ceux qui ne peuvent assister à ses cours. Des cours donnés à un public qui y assiste librement. Dionis les donne en français et non pas en latin, ils attirent un public nombreux. Leur succès tient essentiellement à l’investissement du chirurgien dans la défense des idées de William Harvey (1578-1657) concernant la circulation sanguine, alors que la Faculté de médecine de Paris conteste cette découverte. Ces leçons ne dépendent pas de la Faculté de médecine de Paris mais relèvent directement de l’autorité du Roi qui rémunère les orateurs. Le Roi manifeste ainsi clairement sa volonté de s’opposer au monopole de la Faculté. Dionis signe : « le plus humble, très obéissant et très fidèle serviteur et sujet ».
La première partie traite de l’ostéologie, les os du corps humain. Font suite dix « démonstrations » anatomiques du bas-ventre, la poitrine, la tête et les deux extrémités supérieure et inférieure. Ces démonstrations sont accompagnées de planches gravées représentant les cinq sens.
Cet ouvrage fut traduit en plusieurs langues dont le latin, l’anglais et la « langue tartare des Mantcheou ou tartare orientale ».
DescriptionLivre relié, couverture en cuir marron, dos nervuré, comprenant 634 pages illustrées de 19 planches anatomiques et 34 pages de table des matières.
HistoriquePierre Dionis (1643-1718) est un chirurgien, anatomiste français. En 1672, il est nommé chirurgien par Louis XIV ce qui lui permet d’enseigner l’anatomie et la chirurgie. En 1680, il devient médecin et chirurgien de la Reine Marie-Thérèse d’Autriche, puis ensuite Premier chirurgien du Dauphin l’aîné des enfants royaux (Louis Duc de Bourgogne) et de la Dauphine (Marie-Anne de Bavière, morte en 1690). Il est aussi chirurgien pour plusieurs Princes de sang. En 1713, il accouche la Duchesse du Berry, la petite-nièce de Louis XIV.
Sur la page de titre, il est dit : » Dionis, Premier Chirurgien de feuë Madame la Dauphine, à présent Madame la Duchesse de Bourgogne, (épouse du petit-fils de Louis XIV) et Juré à Paris ». Il est chirurgien à la cour et juré à la ville. Au XVIIe siècle, pour devenir chirurgien et se démarquer des barbiers, il faut savoir pratiquer des actes dits » de grande chirurgie » : trépanation, exérèse de tumeur, opération de la cataracte, trachéotomie pour le croup, amputation ; gestes qui requièrent une habilité manuelle et de bonnes connaissances anatomiques. Depuis 1691, la séparation entre barbiers et chirurgiens est devenue officielle. Restent aux barbiers des interventions simples : raser, panser, soigner les plaies. La profession de chirurgien est organisée comme une corporation, formation chez un Maître qui a une boutique mais aussi à l’Hôtel-Dieu et au collège Saint-Côme pour Paris. Les futurs chirurgiens y suivent des cours, assistent à des opérations. Pour être diplômé et devenir Maître, il faut faire un chef-d’œuvre, soit différentes opérations devant des jurés. Dionis est un de ces Maîtres chirurgiens jurés, il a été formé à Saint-Côme. Pas de formation à l’Université comme pour les médecins, la chirurgie a été longtemps condamnée par l’église et les barbiers-chirurgiens considérés comme des manuels sans savoir. Ceci explique que Dionis ne peut exercer à la cour sans le soutien du roi et qu’il est soumis à l’autorité du Premier médecin de la cour, auquel il prête serment. La présence du médecin est nécessaire lors de tous les actes de chirurgie. Il fait autorité à la cour. Pour l’époque, c’est un bon connaisseur du système sanguin. Il a pratiqué l’autopsie du Duc d’Orléans, frère du roi, mort en 1701, il y trouve du sang dans le cerveau. Il est le premier à faire le lien entre cette mort subite et la nourriture trop grasse, trop abondante, la vie sédentaire du Duc.