SujetCe livre est un petit traité thérapeutique, l’auteur y fait une description de l’agent pathogène, des stades de la syphilis, de ses symptômes et du mode de transmission de cette maladie. Elle y développe largement l’efficacité des injections de produits arsenicaux : le salvarsan et le néo-salvarsan pour traiter ceux qui en sont atteints et pour éviter la contamination.
C’est aussi un plaidoyer, la syphilis est un fléau redoutable attaché à l’acte sexuel, qui tue, et qui est comme la tuberculose un des grands fléaux de la première moitié du XXe siècle. Un plaidoyer contre l’inconscience de ceux qui l’ont contractée, qui se taisent et la transmettent. Elle dénonce l’omerta de l’armée, des hommes infidèles, des femmes « légères », la loi odieusement masculine, injuste envers les femmes.
Ce livre s’adresse à « mes lectrices, mes camarades, mes amies, aux femmes, aux mères », toujours victimes, souvent ignorantes de leur contamination. Louise Bodin s’insurge contre l’absence de toute éducation sexuelle à l’école et dans les familles, demande aux femmes d’apprendre à leurs enfants à connaître leur corps. Elle insiste sur la nécessité de se faire soigner, les hommes comme les femmes et surtout les mères, pour ne pas transmettre la syphilis à leurs enfants.
DescriptionOuvrage broché, couverture cartonnée gris vert, au dos de couverture liste des différentes publications de l’éditeur.90pages de texte, bibliographie p 89 et 90.
HistoriqueLouise Bodin (1877-1929) est une personnalité qui a marqué l’histoire rennaise du début du XXe siècle. La Première Guerre Mondiale l’a orientée socialement et l’a incitée à s’engager. Pendant la guerre, elle soigne les blessés, envoyés à Rennes au lycée Emile Zola transformé en hôpital. Elle y voit chez certains, les ravages de la syphilis. Elle est connue sous le nom de : « la bolchévique aux bijoux » car en 1921, soucieuse de lutter contre les injustices et inégalités, elle adhère au parti communiste et en devient secrétaire de la Fédération communiste d’Ille et Vilaine. Dans les années 1920, pour les militants ouvriers rennais, elle était « la bonne Louise ». Suffragiste, féministe, pacifiste, socialiste puis communiste, Louise Bodin ne cessa pas de lutter contre toute forme d’injustice, hantée par le remords d’être une privilégiée.
Elle est l’épouse de Eugène Bodin (1868-1931) dermatologue, professeur à l’école de médecine de Rennes. Dès 1899, il crée, à l’Hôtel-Dieu. une consultation pour maladies vénériennes et une salle de vingt quatre lits réservée aux prostituées contaminées. L’ hospitalisation n’est pas systématique, le docteur Bodin est un des premiers à préconiser également un traitement ambulatoire à base d’injections d’arsenic, pratique innovante à l’époque. Type de traitement que Louise Bodin développe dans ce livre.