Affiche « Il est défendu de parler breton et de cracher à terre »

Cette affiche, sans date, ni nom d’imprimeur, propose une expression (« Il est défendu de parler breton et de cracher à terre ») légèrement différente de celle qui a été diffusée depuis les années 1970 (« Il est interdit de cracher par terre et de parler breton »). Elle juxtapose des interdits de nature différente : d’une part celui de parler breton qui n’a rien à voir avec la tuberculose, et d’autre part celui de cinq autres gestes dont certains peuvent propager le bacille de Koch, identifié en 1882 : cracher à terre, mouiller ses doigts dans sa bouche pour tourner les pages des livres et des cahiers, introduire dans son oreille le bout d’un porte-plume ou d’un crayon, essuyer les ardoises en crachant dessus, tenir dans sa bouche porte-plumes, crayons, pièces de monnaie. C’est probablement une reconstitution à partir d’un interdit, celui de parler breton à l’école diffusé dès l’ouverture des premières écoles au début du XIX^e siècle et jusqu’au début des années 1950, et de mesures de salubrité publique répandues entre les deux guerres pour lutter contre la tuberculose alors très présente dans les départements bretons. L’association relevée par les militants bretons des années 1970 a fait mouche au point que la double injonction soit devenue crédible. Mais aucune trace n’a été trouvée de l’association des deux sur une affiche authentique ou sous quelque autre forme que ce soit, hormis lors de manifestations en faveur de la langue bretonne ou dans des ouvrages comme l’anthologie de Yann-Ber Piriou « Défense de cracher par terre et de parler breton » (1971).  Source :  Broudic (Fañch), « Une langue en questions », Brest, Emgleo Breiz, 2007, 205 p.

Analyse contextuelle : Bernard Boudic