SujetA la fois production iconographique et pratique culturelle, le timbre antituberculeux a été de par le monde et en France en particulier, un des matériaux symboliques les plus représentatifs de la propagande en faveur de la prévention contre la tuberculose. Pour que le timbre joue pleinement son rôle d’instrument d’éducation sanitaire et exerce son influence, de préférence sur la jeunesse, les promoteurs du timbre français ont attribué une place particulière au concours de l’école et des éducateurs. C’est cette priorité essentielle réservée à l’éducation sanitaire qui, à nos yeux, fait tout l’intérêt du timbre antituberculeux français, depuis son lancement national (1927) jusqu’aux années 50. Deux points ont retenu particulièrement notre attention. Le premier, c’est l’importance accordée à l’école dans la diffusion de la propagande sanitaire et le recours à l’écolier comme vendeur et propagandiste. Le second, c’est la facture originale du timbre, à la fois « image » et « légende » ; pensée discursive et pensée symbolique s’allient, ici, pour en faire, dans son essence même, une « vignette éducative »
Description(3 tableaux)
Les timbres sont présentés dans 2 cadres encadrement bois et un sous verre. Il s’agit de vignettes présentant un « sujet » assorti d’une légende « frappante », l’indication de l’année, du prix et celle du nom du Comité de Défense contre la Tuberculose et, en rouge, la croix emblème de la lutte antituberculeuse. Cette « vignette éducative » est accompagnée d’une campagne de propagande qui a pour mission « d’éclairer le public tout entier sur ce sujet ; d’« éveiller en chacun de nous l’idée de devoir social qui nous incombe et qui est d’entrer dans la lutte contre la tuberculose ».
HistoriqueC’est au Danemark, en décembre 1904, que le premier timbre antituberculeux fait son apparition. Son inventeur est un postier danois, Einar Holboell, qui d’emblée le conçut dans son originalité : timbre « de noël », vignette de bienfaisance sans valeur d’affranchissement, ayant, comme on l’a vu, un double objectif, éducatif et financier. Emu par les ravages que provoquait la tuberculose dans son pays, notamment chez les enfants, ce commis des postes, travaillant au bureau postal de la Résidence royale, eut l’idée de faire du flot des correspondances circulant abondamment à l’approche de noël le véhicule d’une bonne action. Si toutes ces cartes, ces lettres et paquets étaient munis d’une vignette supplémentaire d’un prix modique pour être à la portée de tous, ils se doubleraient ainsi d’un acte de charité. Collé à côté du timbre officiel, ce « timbre de noël » rayonnerait partout dans le pays et par-delà ses frontières et, de cette façon, se ferait le messager de la solidarité face au fléau tuberculeux. En même temps que sa diffusion s’accompagnerait de conseils de prévention contre la maladie, sa vente en très grand nombre permettrait de recueillir des fonds pour la lutte contre la tuberculose et la création de sanatoriums pour enfants. Dès lors il va connaître un succès continu, tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde. Introduit en France en 1925 grâce au soutien de la Fondation Rockefeller, ce premier essai est limité au seul département de la Meurthe-et-Moselle ; puis, en 1926, étendu à neuf départements ; enfin, en 1927, c’est la première campagne à l’échelle nationale.La réussite du timbre est telle, qu’en 1930 15 nations participent au premier congrès international des timbres de santé. En 1954, 53 nations éditent le timbre antituberculeux. Adopté, adapté par de nombreux pays suivant leurs habitudes sociales, il est non-postal ou postal, diffusé ou non avec le concours de la poste, vendu ou non par les écoliers, en vente directe par des bénévoles ou par correspondance. Autant par son imagerie que par ses modes de diffusion, le timbre antituberculeux est un indicateur des pratiques culturelles d’un pays.