Patay René
(1898 – 1995)
Né le 5 janvier 1898 à Rennes d’une famille très anciennement médicale (fils, petit-fils, arrière-petit-fils de médecin, le premier diplôme retrouvé étant celui de Simon Patay, Bachelier ès médecine, 1516, Ecole de médecine Paris), le docteur René Patay a été professeur de physiologie à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Rennes et médecin biologiste des Hôpitaux.
Après des études primaires et secondaires au lycée de Rennes, il s’engage volontairement en 1915, à l’âge de 17 ans, est blessé deux fois à Verdun au sein du 7e Régiment d’Artillerie de Campagne. Après son rétablissement, toujours volontaire, il choisit l’aviation et après une formation accélérée, il passe son brevet de pilote militaire le 4 mars 1918. Il est affecté à l’escadrille SPA 26 du groupe de combat N° 12, dit groupe des Cigognes. Le 17 août 1918, au cours d’un duel aérien contre le lieutenant Joseph Veltjens, un des as de l’aviation allemande, il est grièvement blessé et atterrit dans les lignes allemandes. Donné pour mort, il est soigné en Allemagne puis en Hollande. Il est rapatrié le 23 janvier 1919 à l’Hôpital militaire de Rennes. En 1935, il retrouvera son adversaire de 1918 et entretiendra une correspondance avec lui jusqu’en 1939.
Il fut Président départemental de l’Union Nationale des Combattants (UNC) de 1928 à 1944, créateur de la première maison de retraite des Anciens Combattants (Le Plessis- Bardoult à Pléchâtel),
A son retour de captivité en 1919, il passe son Baccalauréat et commence un PCN court (pour les combattants démobilisés) à la Faculté des Sciences de Rennes, qui lui permet d’entrer en première année à l’Ecole de médecine de Rennes dès 1920.
Externe des hôpitaux en 1922 et ne pouvant, Grand Invalide de Guerre, assurer les obligations d’un interne, il termine ses études à Paris de 1923 à 1926 en suivant « le Grand cours » de l’Institut Pasteur dirigé par le Docteur Roux. Devenu assistant à l’Institut Pasteur, spécialiste en Bactériologie, il complète sa formation par l’anatomie pathologique, la parasitologie et l’hygiène (1925).
Sa thèse de doctorat en médecine « Contribution à l’étude de la toxicité du bacille dysentérique Shiga et de ses applications » reçoit la mention très honorable et lui donne le titre de lauréat de la Faculté de Médecine de Paris (février 1927). Alors qu’il aurait souhaité poursuivre une carrière à l’Institut Pasteur, le décès de son frère aîné d’une tuberculose consécutive à ses blessures de guerre, le pousse à revenir à Rennes auprès de ses parents, pour y créer le premier laboratoire d’analyse médicale en ville.
Pendant la guerre 1939-1945, il anime les secours aux réfugiés, aux victimes des bombardements, aux veuves et orphelins de guerre, aux prisonniers et familles de prisonniers et devient président du Secours National pour l’Ille et Vilaine. Son action humanitaire est reconnue par le préfet qui lui demande d’assurer les fonctions de maire de Rennes du 9 juin au 3 août 1944, suite à la disparition du maire.
De 1946 à 1949, il exerce la fonction de chef de travaux de Physiologie à l’Ecole de plein exercice de Rennes, sous la direction du Professeur Lefeuvre. En 1952, il présente l’agrégation de physiologie et est nommé Maître de conférences Agrégé de Physiologie en 1953. Il dispensera ses cours non seulement à Rennes mais à Abidjan, Brest, Nantes, Dinard aux étudiants en éducation physique.
Ses travaux scientifiques ont donné lieu à 173 publications.
Un nombre important d’entre elles concernent la bactériologie, la microbiologie, la zoologie, la biologie Générale, la physiologie comparée, la physiologie humaine (en particulier du sport), la pharmacologie humaine (en particulier les effets vasculaires des tannoïdes du vin, les effets de l’alcool et du type de ration alimentaire sur les temps de réaction).
Son handicap moteur et sensitif ne l’empêche pas de pratiquer l’aviron, commencé à l’âge de 13 ans avec un exploit resté dans les annales : de Paris à Rennes, soit 728 km en 12 jours, par la Marne, la Seine, le canal de Loing-Briare, la Loire de Montargis à Nantes, l’Erdre, le canal de Nantes à Brest et la Vilaine (1925). Clin d’œil de l’histoire, son coéquipier est André Lwoff, futur prix Nobel de Médecine (1966).
Il décède le 15 avril 1995, à l’âge de 97 ans, en son manoir de Bruz, après avoir terriblement souffert depuis l’âge de 18 ans de ses blessures de guerre, dont la dernière (août 1918), rupture du sciatique gauche provoqué par une balle explosive, provoque une paralysie de la jambe, d’où la silhouette bien connue des Rennais, avec son pilon de bois, des troubles trophiques et des infections à répétition, et d’horribles névrites à chaque changement de pression barométrique.
Rédigé par le Dr Josette Dassonville